Expert consultant spécialisé dans la valorisation des produits agricoles, Philippe Juglar assure la présidence de l’Agence pour la Valorisation des Produits Agricoles (AVPA) .
C'est une organisation non gouvernementale sans but lucratif, essentiellement composée de producteurs et de passionnés du goût. L’AVPA se fixe pour objectif de contribuer à une meilleure valorisation des productions agricoles alimentaires et à la reconnaissance des producteurs d’excellence face aux impératifs d’une commercialisation de masse.
Au bout d’une dizaine d’année d’existence de l’AVPA et des différents concours à la fois de café et d’huile que vous organisez, qu’avez-vous observé de particulier dans ces deux domaines ?
L’utilité des concours AVPA est d’abord absolument évidente dans les pays producteurs. L’heureux producteur qui a la chance d’obtenir une médaille AVPA, va aussitôt avoir la reconnaissance de son statut auprès de ses clients bien sûr, mais avant toute chose auprès de sa propre communauté. Comme on dit généralement nul n’est prophète dans son pays, et la reconnaissance acquise dans la ville de Paris, par un jury tout à fait anonyme par rapport au producteur, va lui permettre d’être tout d’un coup un personnage intéressant tant vis-à-vis des autorités locales, de son propre personnel, que de son environnement social, culturel et économique. La première leçon du concours AVPA c’est aider les producteurs à être reconnu, à se reconnaître eux même et à être fier de ce qu’ils font ; ça leur permet de voir que leurs efforts ne sont pas vains.
Comment est-ce que la démarche de l’AVPA est perçue par les grands industriels du café et des huiles ?
Pour l’instant, je dirai que les grands industriels nous regardent avec un aimable sourire et ne se sentent absolument pas concernés. La force de leur marque et de leur marketing fait qu’ils sont très loin des considérations d’identité des producteurs. Néanmoins, je pense que les plus réceptifs d’entre eux se satisfont du fait que les producteurs améliorent la qualité de leur production. Alors, je ne désespère pas que les plus affutés de ses industriels viennent soutenir notre effort qui est simplement un effort pour la promotion des produits qu’ils commercialisent.
Pour faire le parallèle avec ce qui se passe dans le monde de l’huile végétale, nous avons l’honneur et le plaisir d’accueillir dans notre jury, un cadre de haut niveau des services techniques de "LESIEUR".
En participant à notre jury, il nous apporte ses compétences en observant l'évolution de la qualité des meilleures productions d’huile d’olives, notamment à travers la dégustation des huiles d’olives. Il n’y a donc pas de contradiction entre la reconnaissance de la qualité des productions et ces grands industriels qui sont toujours à la recherche d’amélioration de la qualité et attentifs aux évolutions du marché.
Quels rapports entretient votre ONG avec les instances telle que l'Organisation Internationale du Café ?
L’OIC est une organisation que nous respectons et que nous connaissons bien ; ma première démarche à la création de l’AVPA a été d’aller informer les responsables de l’OIC à Londres. Ils ont reçu la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme et nous ont soutenu en annonçant notamment notre concours aux autorités caféières des pays concernés.
Ce sont des relations fort courtoises et de grande intelligence que nous avons avec eux. D'ailleurs, nos relations avec les organisations nationales de producteurs sont également bonnes même si parfois, elles s’inquiètent que nous venions perturber les réseaux commerciaux usuels où les meilleurs cafés sont éventuellement achetés par des négociants internationaux et non pas proposés torréfiés aux consommateurs finaux.
(*)Pour s’inscrire aux concours, consulter le règlement, ou se tenir au courant de l’actualité de l’AVPA, rendez-vous sur le site www.avpa.fr.
Publication : 09-2016