Engendré par les vicissitudes de l'histoire et d'une langue imposée comme une politique d'assimilation du colonisateur, concept commode pour les uns et dérangeant pour les autres, la Francophonie est aujourd'hui une réalité, une institution incontournable sur tous les continents et principalement le continent noir où l'on prévoit qu'en 2050, 85% des francophones dans le monde seront africains, en majorité des jeunes.
Du dialogue des cultures à la dimension politique et économique, la Francophonie témoigne désormais de sa présence et de son élargissement sur la sur la scène mondiale. Elle devrait interpeller plus que jamais, à la vie démocratique à la coopération et à la solidarité agissante. Toutefois l'action des Etats aussi volontaire soit-elle, ne peut seule, réaliser tout ce qui est souhaitable.
Aussi, faire vivre la Francophonie au quotidien et générer une réelle dynamique populaire, il est nécessaire d'explorer d'autres dimensions, élargir des champs d'actions sociétaux. L 'intention n'est pas de jeter en « pâture » aux peuples de la communauté francophone, la prééminence du génie d'un idiome aux accents et subtilités variantes : c'est à tous égards, le constat d'une Francophonie vivante.
Du bord du fleuve Congo en Afrique au fleuve rouge au Vietnam, des Métropoles grouillantes de Paris à Abidjan, de Kinshasa à Bruxelles, de Dakar à Montréal, elle sert de lien de communication (par la langue) et d'expression. Elle interpelle un idéal rayonnant au-delà des horizons : « Nous nous sentions confusément solidaires de son destin, prêts à secouer de la masse de nos forces neuves si le grand âge s'abattait sur elle et endormait son sang», disait Paulin Joachim*.
La réaffirmation de la Francophonie comme « un espace de dialogue, de coopération et de partenariat », si elle peut constituer l'expression de la volonté politique commune des Etats d'aborder une nouvelle ère, ne suffit pas pour insuffler ce dynamisme nécessaire aux différents programmes de coopération multilatérale. C'est pourquoi, de son piédestal institutionnel du « politiquement correct », la Francophonie , (par sa diversité composite) doit s'ouvrir davantage à la société civile, aux attentes des peuples de sa communauté, par des mécanismes de relais organiques.
La coopération décentralisée en est une dimension. Par ce biais, les collectivités territoriales, régionales et locales deviennent des actrices d'une nouvelle solidarité francophone, incluant des réseaux d'une politique de jumelage dans différents domaines (santé, éducation, formation, coopération économique , agricole ...etc).
Dans un monde où le progrès technique est à l'ère des nouvelles technologies de l'information et du numérique, un monde où les positionnements géopolitiques des Etats interfèrent, la Francophonie dans sa dimension institutionnelle et en tant organisation internationale, a un rôle à jouer sur l'avenir de l'humanité. En effet, les enjeux sont multiples : du réchauffement climatique aux enjeux de l'eau et de l'environnement, des flux migratoires aux problèmes de santé et de l'éducation... sont autant de défis auxquels le monde doit faire face : la francophonie, par son originalité, comme expression de « dialogue interculturel » devrait avec d'autres organisations internationales réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre, pour ce qui pourrait être le monde de demain ; l'illustration « d'un humanisme universel facteur de paix et de fraternité *».
-*Paulin Joachim, poète journaliste écrivain
-*Stelio Farandjis, ancien secrétaire général du haut Conseil de la Francophonie
Publication : 06-2016