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Halima TRAORE nous donne une leçon de courage


Halima TRAORE
Halima TRAORE

Ancienne handballeuse dans l'équipe nationale de la Côte d'Ivoire, Halima Traoré a vu sa vie basculer lorsqu'elle a eu un tragique accident de voiture qui lui a coûté ses jambes.

Plus de 29 ans après, Halima Traoré se confie.


Avez-vous, psychologiquement, réussi à tourner la page sur cette période sportive de votre vie ?

Je crois que je n’ai pas complètement tournée la page. C’est quelque fois nostalgique de se rappeler de ces moments passés dans le sport. Je rêvais à l’époque d’une grande carrière internationale, mais hélas, le destin en a décidé autrement.

Dans ce cas, je prends la vie avec beaucoup de philosophie et je regarde les choses se faire.


Après avoir été amputée de vos deux jambes, pourquoi ne pas avoir intégré une équipe de handisport dans un pays où c'était déjà possible à l'époque ?

Oui, c’est ce que j’aurais peut-être dû faire, mais à cette époque, ma souffrance intérieure m’a un peu éloigné de la vie. Je me disais que je n’allais pas avoir les mêmes sensations que celles connues avec mes deux jambes. J’ai été sollicitée pas des clubs français et j’ai refusé. Et en plus en intégrant en 1992 le service du tourisme de l’ambassade de Côte d’Ivoire en France, je n'avais pas le temps pour combiner ces deux activités.


Aujourd'hui certaines prothèses sont très stylisées, avez-vous cette chance d'en porter ?

Oui, sur ce point, je ne finirai jamais de dire merci à toutes les personnes qui m’ont soutenu. Je pense au président Feu Felix Houphouët Boigny qui a pris en charge mon transfert vers Bordeaux après mon accident. Et grâce à lui, j’ai pu obtenir ma première prosthèse en (1987). Depuis cette période, j’ai connu une nouvelle socialisation et les différents présidents qui se sont succédés ont continué à m’apporter leur soutien pour les acquisitions.


Quel regard portez-vous sur l'évolution du sport féminin en Afrique (tous pays confondus) ?

Mon regard est reluisant et positif. Je constate qu’il y a une véritable évolution dans le sport féminin de telle sorte qu’aujourd’hui on a de plus en plus de grandes athlètes. Peut-être que cela est à mettre au compte des politiques d’égalité entre homme et femme. Même s'il reste encore beaucoup à faire en la matière, je pense que les choses sont sur la bonne voie. Aujourd’hui, on a de nombreuses jeunes femmes qui évoluent dans plusieurs disciplines dans des clubs européens. Cela est à saluer et à encourager.


Selon-vous, le regard des parents est t-il différent de nos jours, lorsqu'une fille souhaite devenir sportive professionnelle ?

La réponse à votre question me permet de faire un peu de sociologie. Quand je porte un regard sur mon passé, je revois les différentes difficultés que j'ai dû braver. A cette époque, la place d'une jeune fille, surtout musulmane, était dans les activités ménagères et domestiques. Nous nous cachions pour faire du sport car nous n'en faisions qu'à l’école. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que les choses ont un peu évolué. Quand je vois des parents accompagner leur fille pour des cours de sport, cela me réjouit. J’ai l’impression que tous les parents souhaiteraient avoir une grande athlète comme Drogba ou Yaya. J’aimerais bien que ma fille Lala Traoré soit aussi une grande athlète.


Vous travaillez depuis quelques années aux services consulaires de la Côte d'Ivoire à Paris , est-ce un emploi qui vous épanouit pleinement ?

Je tiens à dire que cela fait 21 ans que je suis fonctionnaire de l’ambassade. Cet emploi est mon terrain de handball et de basket. Je vois en cet emploi le poste que j’occupais à l’équipe nationale avec le maillot national et aussi le drapeau.

C’est cet état d’esprit qui m’anime quand je suis au boulot.

Je me dis que je dois continuer à défendre ce drapeau même si l’aire de jeux à changer. Et cela m’épanouit énormément même quand on a des guéguerres au boulot. Mais le paradoxe est qu'il n'existe pas de société humaine sans conflits.


Quel message pouvez-vous adresser aux personnes qui ont des rêves mais qui peinent à les concrétiser ?

Mon message est un message de persévérance. Je leur dis qu'il est bien d’avoir des rêves mais aussi de se donner les moyens de les réaliser. Ils doivent avoir la foi et croire en eux.


Avez-vous des projets personnels ou collectifs que vous aimeriez faire connaître ?

Oui j’ai un projet de création d’une ONG qui aura pour mission d’encadrer des enfants handicapés et orphelins. j’aimerais bien, à mon tour, redonner de l’espoir à des personnes qui en ont bien besoin pour avancer.


En guise de conclusion, quel mot ou quelle phrase vous guide quotidiennement ?

Je dirai :« RECOMMENCE

même si tu sens la fatigue ;

même si le triomphe t’abandonne ;

même si une erreur te fait mal ;

même si une trahison te blesse ;

même si une illusion t' éteint ;

même si le bonheur brûle tes yeux ;

même si l’on ignore tes efforts ;

même si l’ingratitude en est le prix ;

même si l’incompréhension coupe ton rire ;

même si tout a l’air de rien,

RECOMMENCE »


Propos recueillis par Ariane Aron


Publication : 06-2016

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